Dans le cadre d’un précédent article publié ici le 18 décembre 2020 à l’issue de la phase dure de la pandémie, j’émettais le vœu pieux que le paradigme change et que la démocratie joue à plein à tous les niveaux.
Plus d’un an après, et quand bien même j’émets encore et toujours ce vœu pieux, il faut bien avouer que le constat n’est guère brillant. Les élections présidentielles se profilent en France et on ne parle maintenant plus du tout de la pandémie puisque nous sommes tous attentifs à ce qui se passe en Ukraine.
Après deux ans de pandémie et à l’aube d’un conflit qui risque méchamment de s’internationaliser, il faut hélas bien constater que le repli sur soi domine en lieu et place de l’ouverture, ce qui semble normal, puisque tout le monde nage dans les emmerdes, d’une façon ou d’une autre.
Les gens sont épuisés et à cran face à des décisions et des discours politiques dont ils ne comprennent guère le sens (moi la première), qui viennent se contredire à quelques semaines voire à quelques jours d’écart.
Il est maintenant impossible de se faire une opinion un tantinet fondée sur le Covid ou le conflit en Ukraine puisque la cacophonie et l’infox règnent partout.
La parole politique douteuse, les soupçons de conflits d’intérêts, les intérêts financiers monumentaux en jeu, l’absence d’irréprochabilité de nos dirigeants et l’absence de cohérence des politiques menées ne font qu’encourager la dissidence – et cela disant, je pense autant à la gestion du Covid qu’à la distance que certains essayent de mettre avec la Russie, son dirigeant, ses oligarques, maintenant que le vent tourne.
Ce climat délétère offre évidemment un terrain propice à la division et à la montée des extrémismes – ce qui n’est jamais un bon signe à l’aube d’une élection présidentielle.
On va être honnête, les options proposées par l’élection présidentielle à venir en France ne sont pas très inspirantes. Je suis tellement dépitée par la pauvreté du débat politique en France que j’ai très très sérieusement songé en 2021 à préparer l’ENA (elle a changé de nom, mais décidément on ne se souvient que de cette ancienne dénomination), pour appréhender les problématiques de près et faire la révolution de l’intérieur. J’ai finalement renoncé car j’ai compris que c’était tout le paradigme qui était à changer : on ne peut pas valablement envisager de démocratie pleine et entière lorsque l’absentéisme des députés et des sénateurs est si fort, lorsque des membres du gouvernement sont mis en examen ou lorsque le vote n’est pas obligatoire : l’exemplarité doit venir d’en haut pour s’appliquer partout et ruisseler, pour reprendre une formule électorale.
La politique est devenue un business comme un autre, alors même que le domaine politique ne devrait jamais au grand jamais être affairiste.
Que l’on vote à gauche, à droite, au milieu ou même blanc, ça n’a finalement que peu d’importance : ce qui est important, c’est de savoir pour quelles raisons valables on le fait. Il faut arrêter de voter comme ses parents sous l’effet d’un sentiment d’appartenance sociale. Il faut arrêter de voter pour un candidat parce qu’il a du charisme.
Voter pour un programme, tenter de comprendre en profondeur les problématiques actuelles est la seule façon de redonner un sens plein au mot “démocratie” car plus le peuple s’engage, plus la démocratie existe.
Mais pour que la démocratie existe au sens plein, encore faut-il que chacun de nous s’éduque. On peut se plaindre que nos dirigeants ne soient ni exemplaires ni irréprochables, on peut se plaindre que l’entre-soi domine et que les mêmes actions vides de sens soient répétées encore et encore – mais beaucoup d’entre nous ne font rien d’autre que de perpétuer à leur niveau des schémas de pensée et de comportement tout aussi néfastes.
A telle enseigne – et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mille gourdes sur Instagram continuent de nous infliger – sous les applaudissements et des milliers de likes – leur vidéos d’“unboxing” des dix tenues Zara ou Shein qu’elles se sont offertes à moindre prix grâce au travail mal rémunéré d’adultes ou d’enfants n’ayant pas eu la chance de naître dans un pays développé. Aucune conclusion n’a été tirée de ce que nous vivons en ce moment et de tels comportements hurlent le manque d’éducation personnelle, le manque d’évolution humaine.
En 2022, il est grand temps comprendre que notre suractivité porte préjudice autant à la planète qu’à l’humanité et que des choix quotidiens – certes moins confortables mais plus pérennes – doivent être faits. Qui a besoin de baffrer de la viande non tracée tous les jours ? Personne. Qui a besoin d’une nouvelle tenue Zara ou Shein par semaine ? Personne non plus.
Accepter de renoncer à une part de confort personnel pour faire triompher ses opinions, ses valeurs, sa vision de la vie est un effort que nous pouvons tous faire. Comme dit l’adage, l’échec naît souvent de la préservation de son confort actuel au détriment de ses objectifs futurs.
Alors oui, bien sûr, tout est fait pour nous maintenir dans ce confort matériel et dans le court-terme : l’accès à des produits que nos parents n’auraient jamais rêvé avoir n’aide absolument pas (je pense notamment aux 408 collections par an proposées par la fast fashion, je pense notamment au saumon et au foie gras proposés tout au long de l’année alors qu’il fallait vendre son rein dans les années 50 ou 60 afin d’en avoir sur la table de Noël parce qu’il s’agissait à l’époque de produits de luxe). J’ai d’ailleurs une pensée émue pour Karl Marx qui s’est à moitié planté : l’opium des peuples n’est pas que la religion mais également l’ego, via la surconsommation de masse.
Et l’on en vient à l’ego, toujours et encore : celui qui s’arc-boute, qui résiste, qui refuse et qui bloque toute évolution humaine. Celui qui empêche d’avancer. Mais hélas ou tant mieux, c’est un fait : la vie, c’est comme le vélo : si vous ne bougez pas, vous crevez.
Bougeons donc dans le bon sens : éduquons-nous, questionnons-nous. Car c’est très exactement qui fait pleinement vivre la démocratie.
11 Mars 2022
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