Lorsque l’on en vient à Łazienky Królewskie, je ne sais s’il faut parler de parc, de château, de musée ou des trois. Le magnifique parc de 76 hectares est un musée à ciel ouvert au sein duquel se nichent notamment la statue la plus célèbre de Frédéric Chopin, deux châteaux, un lac, deux ponts, une orangerie, un réservoir d’eau et un amphithéâtre.
Commençons par la statue monumentale de Frédéric Chopin. Dessinée en 1907 par Wacław Szymanowski pour le centenaire de la naissance de Chopin prévue en 1910, sa réalisation fut retardée par la Première Guerre Mondiale et la statue ne fut finalement érigée qu’en 1926. La statue fut ensuite le premier monument de la ville à être détruit par l’armée allemande en 1940, mais un nouveau moulage permit de la reproduire et de la réinstaller en 1958. Pendant les weekends d’été, la statue accueille à son pied des concerts gratuits que les mélomanes écoutent, assis sur l’herbe.
La statue représente Frédéric Chopin assis sous un saule pleureur dont les branches évoquent la forme d’une main – il faut dire que Chopin était réputé pour ses mains, si grandes qu’elles étaient capables de couvrir un tiers du clavier de piano.
Le parc immense est jalonné de statues, d’animaux et même d’une tombe de chien.
Le Palais de Myślewice, de forme semi-circulaire, devait initialement accueillir le roi et devenir son principal lieu de résidence, mais au fil du temps, sa fonction devint plus officielle. Les affaires d’Etat y étaient discutées et les généraux du tsar, les représentants du gouvernement polonais et les hôtes étrangers y étaient accueillis.
Entre 1958 et 1970, le Palais de Myślewice fut le théâtre des nombreuses rencontres entre les représentants de la République Populaire de Chine et des Etats-Unis.
Construit en 1774 dans la partie Est du jardin, le Palais de Myślewice doit son nom actuel au village de Myślewice qui a disparu de nos jours.
Le palais était originellement une villa de deux étages construite sur un plan carré. Les deux ailes de forme arrondie furent ajoutées en 1776. Simples rez-de-chaussée, un premier étage leur fut ajouté en 1780.
L’élément décoratif principal de la façade du Palais de Myślewice est une haute niche, dans laquelle se trouve l’entrée principale. Les statues de Flore et de Zéphyr encadrent la porte d’entrée. Flore, déesse du printemps et des fleurs, et Zéphyr, dieu du vent de l’Ouest, furent un couple mythologique d’amants et leurs personnages, liés à la nature et l’amour, soulignent le caractère léger, bucolique et sentimental de l’édifice.
Bien que de dimensions modestes, le Palais de Myślewice, qui est un parfait exemple de classicisme, offre une apparence assez imposante.
Buste de Madame du Barry
Sur une ile artificielle se trouve un second château, le Palais-sur-l’Ile. Cette résidence royale de style néoclassique remplace un premier pavillon de bains (« Łazienky Królewskie » signifie « bains royaux ») de style rococo dessiné par l’architecte hollandais Tylman de Gameren. Ce pavillon était voué au repos, à la contemplation et à l’inspiration poétique.
En 1764, cherchant l’emplacement de sa future résidence d’été, le roi Stanisław August acquit et transforma le pavillon rococo en Palais-sur-l’Ile néoclassique. D’inspiration italianisante, le bâtiment devait incarner l’idée d’un Etat idéal, moderne et souverain.
Stanisław August ne considérait pas les beaux-arts d’un seul point de vue esthétique. La peinture, la sculpture et l’architecture firent bientôt partie d’un programme englobant des questions politiques, sociales et économiques et devaient servir la réforme de la Pologne et la formation de la conscience nationale. Les beaux-arts devaient « modeler la culture spirituelle de la nation » et, en conséquence, contribuer à son renouveau.
Dès lors, Stanisław August transforma en 1792 le Palais-sur-l’Ile en une villa-musée, où furent exposées les plus précieuses peintures de sa collection comptant, d’après l’inventaire de 1795, 2289 œuvres réalisées par les plus remarquables artistes européens du XVIIe et XVIII siècle.
Les peintures, les sculptures, les gravures en combinaison avec l’architecture formèrent une œuvre totale, qui allait devenir le premier musée moderne ouvert au public.
La Salle des Bains
La Salle de Bal contient de nombreuses références mythologiques, notamment Hercule et Apollon. La représentation de la figure d’Hercule, qui personnifie la force et atteint l’immortalité, n’est évidemment pas innocente
La Salle de Salomon. Durant le règne de Stanisław August, cette monumentale pièce fut la principale pièce officielle du Palais-sur-l’Ile. La référence biblique au roi Salomon n’est évidemment pas anodine, ce roi étant réputé pour sa sagesse et sa justice
La Rotonde
Au premier étage se trouvent les appartements.
La Chapelle
L’Ancien Corps de garde, édifié en 1792, est un pavillon qui fut destiné aux gardes du roi, qui devaient contrôler les visiteurs et assurer la sécurité du souverain et des résidents de Łazienki. Le bâtiment classique de taille modeste se caractérise par sa simplicité, qui est liée à sa fonction défensive et évoque l’architecture de la Grèce antique.
La Petite Maison Blanche n’est pas aussi imposante et connue que le Palais-sur-l’Ile. C’est pourtant cet édifice qui était initialement pressenti comme la résidence de Stanisław August au sein du domaine de Łazienki.
Stanisław August occupa la Petite Maison Blanche pendant l’été, probablement jusqu’en 1779. Il y habita ensuite lors des campagnes de travaux effectuées au Palais-sur-l’Ile. D’autres membres de la famille du roi habitèrent la Petite Maison Blanche et également, selon la légende, Elżbieta Grabowska, la maîtresse de Stanisław August.
Le Réservoir fut utilisé pour capter l’eau des sources voisines. En 1777, sa forme architecturale cylindrique aux murs en briques lui donnait l’apparence d’une tour médiévale. De ce fait, il fut également appelé le Donjon. En 1823, le Réservoir prit l’apparence que nous lui connaissons aujourd’hui. Inspiré de la tombe antique de Cecilia Metella à Rome, le bâtiment reste simple mais est orné d’une frise et de guirlandes de fruits. Le Réservoir témoigne du phénomène de l’époque qui consistait à dissimuler des bâtiments à fonction purement utilitaire sous des façades nobles, décoratives et antiques.
Le parc est magnifique, et la vue du Palais-sur-l’Ile, dont on ne peut guère se lasser, est fascinante.
Le 15 Septembre 2023
