J’ai beau me trouver au Musée de la Vie Romantique, j’ai beau porter une robe blanche qui était vendue il y a quelques années par Monoprix comme une robe de mariée et qui m’avait plutôt semblé, à moi, être la parfaite robe d’été, j’avoue n’avoir jamais compris la notion de romantisme, telle qu’elle est colportée dans nos sociétés occidentales depuis plusieurs décennies.
Je n’ai jamais souhaité me marier, j’ai décliné plusieurs demandes et ai même annulé à l’avant-dernier moment un mariage tout simplement parce que l’intérêt d’informer un prêtre et un maire de mon intention d’aimer et de vivre avec quelqu’un ne me semblait définitivement pas évident.
(Mais je suis avocate, je comprends donc tout à fait les raisons fiscales qui peuvent motiver un mariage, mais vous m’accorderez que ces raisons n’ont rien à voir avec le romantisme.)
En outre, et ceci est très personnel et ne concerne que ma petite personne, je n’ai jamais cru aux amours éternelles – quand bien même j’en ai vues autour de moi.
Je n’ai jamais compris l’engouement de la gent féminine pour les bagues de fiançailles, et ai encore moins compris en quoi la taille d’un diamant (cela varie entre 1,50 carat en France à quatre milliards de carats aux Etats-Unis, “the bigger the better”) pouvait être corrélée à la qualité d’un amour.
(Je comprends en revanche l’intérêt de porter une robe de rêve mais qui a besoin d’une cérémonie de mariage pour cela ?)
Je n’ai jamais compris qu’un homme doive forcément régler la note d’un diner en amoureux au restaurant et qu’il passe pour un goujat en proposant de partager l’addition.
(Je le comprends d’autant moins quand les femmes, et moi avec, demandent l’égalité et/ou l’équité).
Je n’ai jamais compris qu’un homme doive faire sa demande après un laps de temps de relation plus ou moins déterminé (cela varie entre deux et trois ans, si j’en crois certains contenus proposés par les réseaux sociaux qui perpétuent, étonnement, ce cliché) et qu’il passe pour un connard en ne le faisant pas.
Je n’ai jamais compris qu’il faille forcément vivre avec son bien-aimé.
(Je comprends en revanche que l’emménagement en couple perpétue la création d’une unité économique et sociale qui date de la nuit des temps et dont, hélas, la femme pâtit souvent dans le couple hétérosexuel, à cause de la charge mentale et l’appauvrissement qui en découlent).
Je n’ai peut-être jamais compris le romantisme amoureux parce qu’il n’en existe pas de définition. Même si tout un chacun perçoit vaguement que le romantisme amoureux dérive du mouvement artistique de la fin du XVIIIème siècle qui faisait prévaloir les sentiments et l’imagination sur la raison, la notion est floue.
Le dictionnaire Le Robert le définit comme “caractère, esprit romantique” (il ne s’est pas foulé, Le Robert, sur ce coup-là) et le dictionnaire Larousse le définit comme “comportement, caractère de quelqu’un qui se laisse dominer par l’imagination et se passionne pour les entreprises généreuses mais utopiques” (ça ne nous aide pas beaucoup).
Qu’il s’agisse des dictionnaires français ou anglo-saxons (qui ne font guère mieux en terme de clarté), les synonymes “idyllique” et “idéalisé” sont souvent proposés en lieu et place de “romantique” et sont toujours – lorsqu’il ne s’agit pas dudit mouvement artistique de la fin du XVIIIème siècle – corrélés à l’amour.
Car il faut bien l’avouer, la confusion entre romantisme et amour (défini par le dictionnaire Larousse comme “l’inclination d’une personne pour une autre, de caractère passionnel et/ou sexuel” – c’est un peu bref) est grande. Il semblerait que l’amour existe, mais que le romantisme exprime souvent, de façon codifiée selon les périodes, ledit amour – et j’en reviens à cette pression du mariage, du caratage de la bague ou du paiement de la note. Ces trois derniers exemples ne sont que des jalons construits sociétalement et qui n’ont pas toujours grand-chose à voir avec l’amour.
Je ne crois guère au romantisme, vous l’aurez compris. Je crois en revanche de manière forcenée à l’amour.
L’amour consiste, à mes yeux, à accorder autant d’importance à l’autre qu’à soi-même. Cela suppose de comprendre qui est l’autre, en quoi l’autre est différent de soi, en quoi son mode de fonctionnement et ses besoins sont différents des siens propres – et même parfois, lorsque le sacrifice n’est pas trop important et qu’il est fait en pleine conscience, à donner la priorité à l’autre à son propre détriment.
L’amour s’exprime, à mes yeux encore, en mille et une attentions qui ont tout à voir avec la spontanéité et rien avec à voir avec la codification d’actes attendus (j’en reviens au mariage, au caratage de la bague ou au paiement de la note de restaurant). Aucune femme n’a besoin d’un bouquet de 407 roses, d’une bague de 800 carats ou d’une invitation automatique au restaurant pour se sentir aimée – sinon c’est qu’elle doit déconstruire deux-trois choses sur sa notion de l’amour.
Ces mille et une attentions ont été intelligemment cataloguées par le pasteur baptiste américain, Gary Chapman en “cinq langages de l’amour” : les paroles valorisantes, les moments de qualité, les cadeaux, les services rendus et le toucher physique.
Chacun de ces langages existe selon les moyens émotionnels et matériels de chacun : certaines personnes réuniront les cinq façons de déclarer leur amour, alors que d’autres n’auront qu’une manière de le faire – et ce n’est pas grave. Certaines personnes couvriront leur bien-aimée de cadeaux alors que d’autres peineront financièrement – et ce n’est pas très grave non plus.
L’important est de le comprendre, d’accepter l’autre tel qu’il est avec ses capacités et ses limitations et de s’en satisfaire consciemment et sereinement.
L’important, c’est d’être ensemble pour affronter la vie, de se transcender et de transcender une relation, qui peut d’ailleurs changer au cours de la vie.
L’important est de revenir à la vérité du sentiment et de le dépouiller des oripeaux sociétaux dont on veut bien le vêtir.
Car ils sont souvent bien fallacieux.
Robe Monoprix x Laure de Sagazan – Ballerines Repetto – Lunettes de soleil Chanel – Pochette Dior
Le 8 Septembre 2023