La biographie “Wallis la scandaleuse” consacrée par Anne Sebba à la duchesse de Windsor retrace la vie étonnante de l’américaine modeste et deux fois divorcée qui a fait trembler le trône d’Angleterre à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale.
Anne Sebba, qui est anglaise, se garde de tout jugement à l’égard de son sujet, qui est, il faut bien le dire, conspué outre-manche. Il n’y aurait pourtant pas eu d’Élisabeth II sans une Wallis Simpson. Et la face du monde aurait peut-être été totalement différente si Édouard VIII n’avait pas abdiqué par amour pour laisser le trône à son frère, qui avec son Premier Ministre, fit front contre l’Allemagne nazie, puis à sa nièce.
Wallis, née Warfield en 1896 descend de deux familles de petite bourgeoisie du Sud des États-Unis. Elle est rapidement orpheline de père mais l’éducation offerte par sa mère et sa famille lui permettent d’entrer dans un pensionnat destiné à former les futures épouses de grandes familles. Wallis se marie en 1916 avec un officier de marine, Earl Windfield Spencer Jr. Elle suit son mari en Extrême-Orient où il est affecté mais leur mariage se délite bientôt, notamment à cause de l’alcoolisme d’Earl. Ils divorcent en 1927.
Wallis se remarie dès 1928 avec Ernest Simpson, le dirigeant anglo-américain d’une entreprise maritime familiale. Le couple, qui vit à Londres et qui ne souhaite rien d’autre que de pénétrer la haute-société de l’époque, rencontre le futur Edouard VIII, qui n’est que prince de Galles en 1931 grâce à l’entremise de Thelma Furness qui se trouve être l’une des amies de Wallis mais également la maîtresse du prince. Le petit-fils de la reine Victoria a alors 37 ans, un charisme qui enchante tout le pays et la volonté forcenée de rester un célibataire noceur, même s’il est destiné à devenir roi.
Le couple Simpson vit bien au-dessus de ses moyens mais donne néanmoins réception sur réception afin d’entretenir ses relations avec cette société mondaine qu’il brûle tant de connaître. Le prince de Galles est loin d’être insensible au charme américain de Wallis, ce que ne peut ignorer Ernest qui voit tous les avantages que peut procurer au couple ce flirt royal.
Las, le flirt devient peu à peu une passion royale bien encombrante pour une Wallis à la tête froide et un Ernest tout simplement dépassé par les circonstances. Wallis, qui a cédé à son royal amant, a monnayé ses charmes et se retrouve bientôt acculée.
Elle qui souhaitait rompre avec ce prince possessif devenu roi d’Angleterre en 1936 sous le nom d’Édouard VIII, doit divorcer car il la met devant le fait accompli : il abdique après dix mois de règne.
Wallis, qui tirait tous les avantages sociaux et monétaires d’une liaison royale vécue de manière bien légère, est prise au piège. Le roi, désaxé émotionnellement par une éducation rigide, est tombé fou amoureux de cette femme dominatrice qui lui permet aussi peut-être de fuir ses nombreux devoirs royaux.
Il abdique par amour, selon la formule maintenant consacrée, outragé de ne pas pouvoir se marier avec la femme qu’il aime. Il faut dire qu’il est le chef de l’Église anglicane et qu’à ce titre, le mariage avec une femme déjà divorcée est impossible.
Comment refuser de divorcer alors que le monde entier parle de la plus belle histoire d’amour de tous les temps ? Impossible. Comment refuser de divorcer alors qu’en balance se retrouve une abdication au trône de l’Empire le plus puissant du monde ? Impossible encore.
Il abdique par amour, selon la formule maintenant consacrée, mais il faut tout de même noter que les sympathies développées par Édouard VIII et sa maîtresse envers l’Allemagne nazie inquiète grandement le gouvernement anglais et que l’abdication d’Édouard en faveur de son frère Albert rassure la classe politique anglaise.
Mais de fait, Wallis devient aux yeux du monde entier celle par qui le scandale et le malheur arrivent. La famille royale, la presse et le peuple britanniques la conspuent, car c’est par elle que la royauté chute. Et comme deux rois vivants ne peuvent coexister sur le territoire anglais, Édouard VIII maintenant devenu duc de Windsor, s’exile avec la femme qu’il aime.
Une longue errance va commencer pour le couple d’amants. Ils se marient en France au château de Candé lors d’une cérémonie intime et triste puis s’expatrient aux Bahamas où le duc est nommé gouverneur. Ils reviennent finalement vivre en France à la fin de la Seconde Guerre mondiale où ils s’installent jusqu’à la fin de leurs vies. Wallis ne se remettra jamais de ne pas se voir accorder le titre d’Altesse Royale et Édouard n’arrivera jamais à faire le deuil de sa mère-patrie et de son train de vie royal. Pour compenser, Wallis courra les boutiques, fière de sa garde-robe et de sa collection de bijoux – qui, il faut l’avouer, sont toutes deux fabuleuses.
S’aimaient-ils ? On ne le saura jamais. L’un était inconséquent, possessif et soumis. L’autre était calculatrice, matérialiste et sans grande passion. Et les deux, égoïstes forcenés, se sont finalement retrouvés piégés par les circonstances.
Édouard décèdera en 1972, Wallis décèdera en 1986 et leur vie commune à Paris ne sera faite que de soirées solitaires, de rares sorties mondaines et d’achats luxueux. Aucun des deux ne semblera faire la tentative de donner un quelconque sens à leurs vies d’égoïstes ultra-privilégiés et les seules couronnes de fleurs présentes aux obsèques de Wallis seront envoyés par les maisons de couture dont elle était cliente.
Quelle tristesse.
(NDLR : pour ce texte, une chemise et une jupe achetées en une nano-seconde, sur photo envoyée par ma meilleure complice, j’ai nommé la radieuse antiquaire du vêtement Virginie de chez Marcel et Jeannette. Que voulez-vous, quand je l’entends me dire « j’ai chiné des merveilles, elles sont pour toi, c’est New Look », moi, que voulez-vous, je la crois.)
Le 30 Juin 2023
Chemise et jupe vintage des années 50 chinées chez Marcel et Jeannette, Marché aux Puces de Saint-Ouen – Chaussures Jimmy Choo – Lunettes de soleil Miu Miu – Sac à main vintage Gucci