SAINT SAVA – BELGRADE

Sava, fils de roi serbe, né en 1169 ou 1174 et mort en 1236, est le fondateur de l’Eglise orthodoxe serbe et est à ce titre le saint le plus révéré de Serbie.

Il fonde, avec son père qui a abdiqué, un monastère sur le Mont Athos qui connaît un immense rayonnement et obtient, grâce à son sens politique (qui lui permet de faire couronner son frère roi de Serbie), l’autonomie de l’Eglise orthodoxe serbe vis-à-vis du Patriarcat oecuménique et de l’Empereur byzantin en 1219.

Premier archevêque serbe, Sava oeuvre à diffuser le christianisme orthodoxe au sein du peuple serbe en rédigeant un code qui réunit lois civiles et lois ecclésiastiques. Il créé des écoles au sein desquelles les moines instruisent jeunes et moins jeunes. Et c’est pour cela qu’il est, encore aujourd’hui, le saint patron des étudiants.

Plus de 300 ans après son décès, alors que la Serbie est sous domination turque, le pacha ordonne que l’on brûle les reliques de Sava, afin d’effacer les racines orthodoxes du peuple serbe et inciter celui-ci à reconnaître la puissance ottomane en se convertissant à l’Islam.

C’est à l’emplacement du bûcher sur lequel les reliques de Sava furent brûlés que se dresse aujourd’hui le temple de Saint-Sava, l’un des plus grands édifices orthodoxes au monde.

La construction du temple débute en 1939 mais les travaux sont interrompus par l’occupation nazie en 1941 puis par la volonté de Tito, maître de la Yougoslavie jusqu’à son décès en 1980. Les travaux ne reprennent qu’en 2001 et le temple n’est achevé qu’en 2019, près de 800 ans après la reconnaissance de l’autonomie de l’Eglise orthodoxe serbe.

Le temple de Saint-Sava, qui intègre des éléments de style néo-byzantin des XIX° et XX° siècles, prend pour modèle Sainte-Sophie de Constantinople, telle qu’elle existait en 532 c’est-à-dire sans les minarets ultérieurement ajoutés par les Ottomans et sans les renforts latéraux dus aux divers tremblements de terre subis par l’édifice.

L’extérieur du temple de Saint-Sava – relativement sobre en marbre blanc et en granite – offre un contraste saisissant avec l’intérieur, riche de mosaïques et d’icônes.

Le temple possède en effet la plus grande mosaïque sous coupole du monde. Il s’agit également de la plus grande représentation au monde d’un Christ pantocrator, c’est-à-dire un Christ en gloire.

Les icônes, qui sont de véritables objets de vénération du Christ, de saints ou d’anges, jalonnent le parcours de recueillement des fidèles. L’iconographie est un art sacré qui reflète certes le talent de l’iconographe mais surtout sa qualité de serviteur de l’Eglise. Son travail est souvent précédé d’une ascèse ou d’un carême qui lui permet, le coeur et l’esprit purs, de débuter sa tâche. La prière accompagne la création de l’icône, il existe d’ailleurs une prière de Saint-Luc dédiée aux iconographes.

L’iconostase est le mur qui sépare la nef : il représente la séparation des mondes terrestre et céleste et il constitue le mobilier le plus important de l’église orthodoxe.

La crypte du temple présente le trésor de Saint-Sava ainsi que le tombeau du prince Lazar, vénéré comme saint martyr par l’Eglise orthodoxe.

Le temple de Saint-Sava est d’une beauté irréelle. Son intérieur, lumineux, joyeux, est d’une quiétude sans pareille. Il aura fallu attendre quelques quatre-vingt années pour pouvoir admirer cette merveille, mais quel résultat saisissant.

Le 31 Mars 2023