Dans les grandes maisons, la mise en œuvre d’une campagne publicitaire implique généralement de nombreuses personnes avec des titres super-impressionnants tels que “directeur artistique”, “styliste”, “producteur” ou encore “set designer”. C’est souvent réussi, c’est parfois catastrophique – j’en veux pour exemple la campagne Balenciaga lancée en novembre 2022 mettant en scène des enfants avec des nounours en tenue de bondage.
Lorsque l’on en vient à ma modeste activité, il se trouve que ma petite personne réunit les attributions – je n’ai pas dit compétences – du directeur artistique, du set designer, du producteur et du modèle (et je rigole sur ce dernier mot, du haut de mes 48 ans et un mètre 64).
L’équipe est réduite : un photographe professionnel patient – comme on le sait – et moi, schizophrène à force de tournoyer entre ces différentes fonctions.
Je rappelle que j’ai parlé de mes attributions. Pas de mes compétences. Qui sont nulles ou quasi lorsque l’on en vient à tout ce qui n’est pas intellectuel.
Ceci explique que j’apparaisse interrogative sur certaines photos, hésitant sur la “direction artistique” que prend la séance-photo ou sur les accessoires qui viendront matérialiser l’atmosphère souhaitée. J’arrive en général avec un sac plein d’accessoires et que Dieu nous aide.
Ma vie d’avocate et de mère de famille explique aussi que la “styliste” que je ne suis pas n’ait pas le temps de faire l’ourlet d’une robe longue et qu’il faille, à ras le sol, faire un ourlet de fortune à ladite robe avec du gros scotch double face. Et qu’il n’y ait pas assez dudit gros scotch double face, et que l’ourlet de fortune pendouille lamentablement d’un côté.
Les secours de fortune sont nombreux : au-delà du gros scotch qui raccourcit la robe trop longue, les pinces à documents serrent les vêtements à la taille et sont invisibles, pour peu qu’aucune photo de dos ne soit prise, et le simple ruban en satin d’un sac à chaussures Repetto affine la taille d’une veste en macramé et organza qui n’était pas assez cintrée avec la robe longue prise en photo ce jour-là. La preuve en images :
Le vent est un élément incontrôlable, en revanche.
Tous ces obstacles ne m’empêchent jamais de faire l’idiote, comme on le sait.
La lumière est le souci principal du photographe. Quelle chance quand – démuni de son flash – il voit son modèle soudainement éclairé par les phares des voitures. Ce qui explique aussi pourquoi ledit modèle a l’air d’un lapin pris dans les phares d’une voiture et que la photo est un tantinet figée.
Bref.
Heureusement que mon photographe sait ce qu’il fait. Parce qu’en ce qui me concerne, je n’en ai aucune idée.
Le 3 Février 2023