LA PISCINE

Ce maillot de bain vintage Hermès est la réplique presque parfaite de l’un des maillots de bain qu’arbore Romy Schneider dans le film réalisé en 1968 par Jacques Deray, “La Piscine”.

Le film est tiré d’un roman d’Alain Page. Celui-ci avait été fort dépité de ses vacances passées en compagnie du frère de Françoise Sagan sur la Côte d’Azur, où se retrouvait la jet-set parisienne qui trimballait son ennui et sa prétention d’un endroit à la mode à un autre sous le soleil écrasant de Saint-Tropez. Alain Page était rentré en trombe à Paris pour coucher sur papier son expérience en décidant d’écrire “une histoire très noire au soleil”.

Le film met en scène Marianne, incarnée par Romy et Jean-Paul, interprété par Alain Delon. Ce couple amoureux profite de ses vacances estivales autour de la piscine de leur villa de la Côte d’Azur lorsque Harry (porté par Maurice Ronet) – un ami de Jean-Paul – débarque sans crier gare avec sa fille de 18 ans, Pénélope (interprétée par Jane Birkin).

Harry est prétentieux, clinquant et snob, mais il est surtout un ancien amant de Marianne. Il ne peut s’empêcher d’humilier sans relâche Jean-Paul en évoquant cette vie amoureuse passée, sa réussite, son charisme ou sa voiture (c’est une Maserati Ghibli qui valait à l’époque dans la vraie vie 14 millions d’euros et que personne sur le tournage n’a eu le droit d’approcher – sauf Alain Delon et Maurice Ronet pour une scène).

L’arrivée de Harry et de Pénélope va venir perturber la belle harmonie des vacances de Marianne et Jean-Paul et le huis-clos va vite devenir étouffant entre quatre protagonistes et leurs chassés-croisés amoureux. Harry n’aura de cesse de se rapprocher d’une Marianne compatissante et Jean-Paul va séduire par dépit Pénélope. Les jalousies vont chauffer à blanc sous le soleil de la Côte d’Azur, jusqu’au paroxysme d’un meurtre (je constate au passage que lorsque Maurice Ronet et Alain Delon sont entourés d’eau, ça finit mal).

“La Piscine” tient une place particulière dans la mémoire collective française car il réunit un couple adulé et bien réel : Romy Schneider et Alain Delon.

Très jeunes acteurs, Romy Schneider et Alain Delon avaient connu une idylle de quatre ans très médiatisée qui avait fait rêver la France à l’aube des années 60. C’est elle qui avait choisi sur photo son partenaire pour le film “Christine”. Son choix professionnel s’était porté sur le jeune premier à la beauté du diable, ils s’étaient aimés, ils s’étaient fiancés, ils s’étaient quittés. L’idylle s’était peut-être éteinte en 1963, mais les fiancés éternels étaient restés en bons termes.

Lorsque Jacques Deray approche Alain Delon en 1968 pour le projet de “La Piscine”, c’est ce dernier qui impose Romy dans le rôle de Marianne – menaçant de ne pas faire le film si Romy n’a pas le rôle. Jacques Deray, qui avait approché Monica Vitti et Jeanne Moreau, n’est guère convaincu par la proposition de Delon, d’autant plus que Romy est à ce moment-là au creux de la vague.

Pourtant, le tournage – à la fois studieux et léger – ne fait que superbement éclater l’immense complicité entre les anciens amants – ce qui semblait absolument nécessaire à Jacques Deray qui souhaitait voir un couple crédible à l’écran.

Le tournage dure deux mois du 19 août au 19 octobre 1968, et les scènes sont volontairement tournées de manière chronologique – ce qui permet de parfaitement appréhender l’évolution des relations entre les protagonistes, entre la sensuelle légèreté de la période estivale et le désenchantement des relations amoureuses que l’on pressent au diapason de l’arrivée de l’automne.

Il faut croire qu’Alain Delon a eu raison d’insister et que Jacques Deray a eu raison de céder. Outre le fait que “La Piscine” relance la carrière de Romy Schneider et lui permet notamment de tourner dans la foulée “Les Choses de la Vie” (l’émouvant film de Claude Sautet), il faut bien dire que personne ne pourrait imaginer une autre actrice dans le rôle de Marianne.

Romy n’a jamais été aussi radieuse que dans ce film. Elle n’a rien de la lointaine femme fatale, elle n’a rien d’inaccessible ou d’irréel, elle est la femme dans toute sa chair, dans toute sa sensualité, dans toute sa vie. Elle est éclatante et l’étincelle de ses yeux, à la fois fragile et sûre d’elle, en fait l’archétype de la femme dans sa pleine plénitude.

Son magnétisme et sa complicité avec Alain Delon crèvent l’écran, et il y a fort à parier que la pérennité de “La Piscine” tient justement à Romy dont Jacques Deray ne voulait pas de prime abord.

(Pour aller plus loin : le roman d’Alain Page, qui est sensiblement différent du film, « La Piscine » et le très beau livre illustré de Luc Larriba, « La Piscine » sont à lire).

Le 15 Juillet 2022

Maillot de bain vintage Hermès – Lunettes de soleil Face A Face