Dans le 17ème arrondissement de Paris se cache une rue piétonne absolument charmante, la “Cité des Fleurs”.
Longue de plus de 300 mètres, cette rue bordée de maisons fait oublier au passant la frénésie parisienne environnante.
Hameau plutôt rural rattaché aux Batignolles avant son annexion à Paris en 1860, le village des Épinettes connaît à partir de 1850 une forte urbanisation. La population y est majoritairement ouvrière car le quartier profite de l’effervescence industrielle lorsque le malletier Moynat et les usines Goüin (ancêtres de Spie Batignolles) s’y installent.
La Cité des Fleurs profite également de cet essor immobilier et industriel puisqu’elle est construite en 1847 par deux promoteurs, Adolphe Bacqueville de la Vasserie et Jean-Edmé Lhenry, qui ont acheté le lieu-dit “le Chiendent”. Le lieu s’appellera tout d’abord la Cité Pie IX puis la Villa des Fleurs, pour finalement être baptisé la Cité des Fleurs.
Les futurs propriétaires souhaitant s’installer à la Cité des Fleurs doivent respecter – encore de nos jours – les termes de deux conventions datant de 1847 et 1850 instituées par les deux promoteurs : les façades doivent être alignées, les villas ne doivent pas excéder deux étages et une mansarde, chaque jardin doit être arboré de trois arbres, et les pilastres de pierre doivent être surmontés d’un vase Médicis en fonte d’un modèle bien spécifique.
En 1850, seulement trois parcelles ont été vendues mais l’activité croissante du quartier permet la vente de tous les lots en 1866. D’ailleurs, de nombreux ingénieurs travaillant dans les proches usines Goüin s’y installent.
La Cité des Fleurs est alors un parfait exemple de mixité sociale : ouvriers, ingénieurs et artistes s’y côtoient. Alfred Sisley, qui vit au numéro 27, y peint d’ailleurs en 1869 “Montmartre depuis la Cité des Fleurs”.
Pendant la Second Guerre Mondiale, le numéro 25 abrite le réseau de résistance Plutus. La responsable de la cellule, Colette Heilbronner, y est assassinée par la Gestapo le 18 mai 1944.
Catherine Deneuve et Françoise Dorléac y naissent.
En 1964, Lucien Fontanarosa installe son atelier au numéro 32.
Aujourd’hui, la Cité des Fleurs est un havre de calme et de luxe bourgeois.
17 Juin 2022