J’ai une robe jaune, j’ai des chaussures bicolores. Il n’en fallait pas plus pour me donner envie d’évoquer un film dont la fin m’a noué la gorge (et qui a noué la gorge de mon fils de 12 ans alors même qu’il pestait contre le film jugé trop long et pas très intéressant), j’ai nommé “La La Land”.
“La La Land”, réalisé par Damien Chazelle en 2015, rend un puissant hommage aux comédies musicales de l’âge d’or hollywoodien, même s’il se déroule à l’époque actuelle.
En effet, le film remplit parfaitement le cahier des charges de la comédie musicale des années 30, 40 et 50 : une histoire d’amour entre un homme et une femme qui se heurtent avant de se trouver, des numéros de danse qui illustrent l’attirance des protagonistes et des parties musicales qui dépeignent leurs bleus à l’âme.
Mia (incarnée par Emma Stone) aspire à devenir actrice à Hollywood où elle survit pour le moment comme serveuse. Elle fait la connaissance de Sebastian (interprété par Ryan Gosling), un pianiste qui rêve d’ouvrir un club de jazz pour puristes. Après des débuts un peu chaotiques, Mia et Sebastian tombent amoureux et se soutiennent mutuellement dans la poursuite de leurs rêves respectifs. Vont-ils réussir ? Leur histoire d’amour résistera-t-elle aux aléas abrasifs de la vie ?
C’est la troisième collaboration entre Emma Stone et Ryan Gosling et leur complicité crève l’écran. Leurs numéros de danse sont très réussis, surtout lorsque l’on sait qu’ils étaient absolument novices avant le début du tournage – la claquettiste que je suis applaudit car la claquettiste que je suis connait parfaitement la difficulté de l’exercice.
Pour autant, là où “La La Land” diverge des comédies musicales auxquelles il rend si fortement hommage, c’est dans son dénouement, car il n’y a pas de happy end. La fin du film, à la fois inattendue et subtile donne une tonalité douce-amère à tout ce qui a précédé et il faut bien avouer que c’est très émouvant.
Il y a également probablement beaucoup de Damien Chazelle dans ce film, puisqu’il a longtemps porté “La La Land” avant de le réaliser, faute de financement. Il aura fallu attendre le succès de “Whiplash” (qui est brillant) pour que les financements affluent.
Le titre même du film fait référence à Hollywood, à ses illusions de celluloïd et à un décollement de la réalité. De fait, les nombreuses références de “La La Land” aux univers irréels de Jacques Demy (“Les Parapluies de Cherbourg”, “Les Demoiselles de Rochefort”) sont évidentes, comme le sont les références à ceux de Fred Astaire (“Top Hat”, “Funny Face”) et Gene Kelly (“Chantons sous la pluie” avec le réverbère et la balade dans les studios, “Un Américain à Paris” pour les décors peints).
La musique de Justin Hurwitz – le meilleur ami et colocataire de Damien Chazelle à l’Université de Harvard – s’inscrit parfaitement dans l’esprit des comédies musicales de l’âge d’or hollywoodien et traduit parfaitement l’enthousiasme ou le désenchantement des protagonistes.
Car il faut bien le dire, “La La Land” tient moins de la bluette sentimentale que du parcours initiatique et de l’apprentissage de la vie. La fin du film nous laisse avec des questions finalement assez philosophiques, sur la part de l’abandon et sur le sens même du mot “ambition”.
10 Juin 2022
Robe Oscar de la Renta – Escarpins YSL – Lunettes de soleil Miu Miu