NOËL 2021

Second Noël en temps de pandémie. La gaité qui environne en temps normal la période des festivités ne fait que mettre, par opposition, un peu plus l’accent sur la difficulté de l’époque actuelle.

Et pour certains d’entre nous, le stress qui environne en temps normal la période des festivités est largement accru par un contexte sanitaire des plus anxiogènes.

Il y a mille raisons d’être fatigué, déprimé ou inquiet car les sujets ne manquent décidément pas : notre propre santé physique et mentale et celle de nos proches, un contexte économique qui a des répercussions où prédomine l’inquiétude, qu’il s’agisse de modalités de travail (entre télétravail et retour au bureau) ou même de pérennité financière.

L’incertitude, l’isolement et la solitude caractérisent l’époque et chacun y est, d’une manière ou d’une autre, soumis.

Le temps long qui rythme cette pandémie entame évidemment nos ressources qui s’amenuisent au fil de ces longues semaines, de ces longs mois. L’incompréhension face à certaines décisions gouvernementales n’aide évidemment absolument pas. On a tous compris que la normalité était à géométrie variable et qu’il était complexe de s’y adapter constamment.

Que faire ?

Au risque de radoter, il me semble capital de relativiser : même si l’épuisement gagne, il faut se souvenir chaque jour qu’avoir la santé, un toit sur la tête et à manger sur la table est déjà une chance phénoménale, chance que tout le monde n’a pas. Je pense aux personnes extrêmement malades, aux personnes qui vivent dans la rue, aux migrants qui meurent en mer. Pour résumer, je pense à toutes ces personnes qui ont été obligées de quitter la vie pour ne plus être qu’en survie.

Je me dis que j’ai bien de la chance d’avoir la possibilité de vous écrire en ce moment et que c’est un luxe immense parce que cela suppose en amont une sécurité matérielle et surtout une disponibilité mentale et émotionnelle qui me donnent les ressources d’écrire ici. Le point n’est absolument pas d’invalider les souffrances de certains ou de les minorer ou de dresser une liste attribuant une importance plus au moins grande aux problématiques de chacun, mais il faut bien reconnaître que certaines personnes connaissent des difficultés plus insurmontables que d’autres.

Au risque de radoter encore, il me semble capital de se recentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire l’humain et toutes ses déclinaisons positives : l’amour, l’altruisme, la tolérance et l’empathie. C’est parfois très difficile de lutter contre le repli sur soi-même – car une fois encore, la fatigue émotionnelle et l’inquiétude nous isolent, nous coupent de nous-mêmes et des autres.

Mais il n’en demeure pas moins qu’il est vital, absolument vital de dire que cela ne va pas, de l’exprimer clairement et de demander de l’aide à chaque fois que cela est possible. Prendre le risque de demander de l’aide et de peut-être recevoir une réponse insatisfaisante permet à tout le moins de faire le tri et de ne garder les personnes qui sont vraiment là pour nous, et c’est déjà en tant quel tel un point positif.

De la même manière, il n’en est pas moins vital d’exprimer des pensées positives, de dire quand cela va bien, de relever les évènements satisfaisants, cocasses ou drôles de la journée (aussi mineurs soient-ils) ou encore de faire des compliments à son entourage ou même à des inconnus – soyons fous.

Au risque de radoter encore et toujours, il me semble capital de s’occuper de soi pour s’occuper valablement d’autrui. Prendre le temps de faire au moins une chose par semaine qui suscite joie et plaisir me semble le strict minimum, tout simplement pour préserver sa santé mentale. Reconstituer régulièrement son propre capital énergétique permet de valablement répondre à ses propres besoins et à ceux des autres. Chacun aura ses propres techniques de reconstitution énergétique, évidemment, mais j’avoue à titre personnel tirer une immense satisfaction à pratiquer un sens de l’humour relativisant (aussi noir soit-il), à lire, à écrire, à regarder un film, à allumer une bougie, à écouter du jazz, à méditer et à faire du sport.

Au risque de radoter toujours et enfin, il me semble capital d’être un peu plus tolérant envers nous-mêmes. La perfection n’est qu’un concept vide de sens. Accepter que l’on fait du mieux que l’on peut avec les moyens disponibles sur le moment permet de relâcher la pression et donc l’inquiétude. De la même manière, être lucide sur les attentes sociétales et les petites boites dans lesquelles chacun est sommé de rentrer permet de s’affranchir de certaines pensées toxiques : rien ne vous oblige à préparer un diner de Noël en 75 plats, rien ne vous oblige à vous affamer pour être ultra-mince dans votre robe à paillettes, rien ne vous oblige à vous coltiner des membres de la famille que vous ne voulez pas voir à votre table de Noël.

Vivre le moment pleinement, réellement, rester sensible à chaque potentialité de vivre un sourire, un rire, un échange est crucial en ce moment. C’est à mon sens à quoi il faut se cramponner, coûte que coûte.

Ce texte sonne comme un texte de développement personnel – et ce n’est certainement pas ce que je souhaitais en le rédigeant. En outre, j’ai l’impression d’enfoncer des portes ouvertes et j’en suis désolée.

Pour être absolument transparente, l’année 2021 a probablement été l’une des années les plus difficiles de ma vie car des évènements graves ont impacté deux de mes enfants, qu’il a fallu gérer tout cela au jour le jour et que j’en ressors absolument exsangue physiquement et émotionnellement.

Pour autant, cette séance-photo que je vous propose ici est néanmoins un joli cadeau de Noël, d’autant plus joli qu’il était totalement inattendu. Morte de froid devant l’objectif de Cedric, mon photographe qui n’arrivait pas à faire ce qu’il voulait (la faute à de maudites barrières absolument affreuses devant le Petit Palais), j’ai compris que l’univers était avec moi lorsqu’un autobus vide des années 30 est venu se garer devant nous. Je n’ai évidemment pas pu m’empêcher d’aller voir les trois messieurs passionnés de vieille mécanique qui étaient à l’avant de l’autobus pour leur demander si nous pouvions prendre des photos devant leur bus à plateforme. Lorsqu’ils ont dit oui, qu’ils nous ont proposé de prendre des photos DANS l’autobus et même de nous faire faire un petit tour sur les Champs-Élysées avec eux, j’ai compris qu’il s’agissait de mon cadeau de Noël, à moi qui souhaitais depuis tant d’années monter sur la plateforme d’un ancien autobus parisien. J’ai la mine ravie, le sourire jusqu’aux oreilles comme je ne l’avais pas eu depuis longtemps. Autant vous dire que j’ai dit merci à la vie et que j’ai pleinement apprécié ce cadeau.

Je vous souhaite de très bonnes fêtes. Que le sourire accompagne vos festivités.

24 Décembre 2021

Robe Dior – Escarpins Prada – Sac Chloé

Un immense merci à Autobus De Paris, l’association des Autobus Parisiens à Plateforme