Dans la forêt de Lyons se niche l’Abbaye de Mortemer, un monastère cistercien maintenant en ruines. Construite en 1134 par Henri de Beauclerc, premier duc de Normandie, Roi d’Angleterre et quatrième fils de Guillaume le Conquérant, l’Abbaye de Mortemer est nommée en référence aux marais environnants, qui sont finalement des “mers mortes” (du latin “mortum mare”).
L’Abbaye devient très puissante, son rôle et son influence dans la région étant indéniables. Elle fonctionne également en parfaite autarcie, le colombier fournissant les nombreux pigeons et les marais étant riches de poissons. Par ailleurs, les moines produisent leur vin et leur miel.
Au cours des siècles, la mauvaise gestion de l’Abbaye la fait progressivement décliner. Ce déclin devient irréversible et au début de la Révolution, seulement quatre moines occupent les lieux. Ils sont d’ailleurs assassinés par les révolutionnaires.
Le colombier, qui date du 17ème siècle, est composé d’une admirable structure en châtaignier. Il servait également de prison pendant les 18ème et 19ème siècles, puisque l’abbé avait “droit de prison” en jugeant les menus larcins et en emprisonnant les accusés dans ce colombier qui porte en conséquence une ceinture de pierres de couleur différente illustrant ce droit de prison.
De l’Abbaye du 12ème siècle ne subsiste aujourd’hui que les ruines grandioses du transept nord et de sa rosace et du cellier.
Au centre du domaine se trouve une belle bâtisse qui date de la fin du 18ème siècle et qui abrite aujourd’hui un musée dédié à l’Abbaye.
Le “chemin des ducs”, perdu sous les frondaisons, regroupe les sculptures de treize ducs de Normandie et de deux duchesses.
Le lieu a la réputation d’être l’abbaye la plus hantée de France, malgré l’exorcisme effectué en 1921. De nombreuses légendes entourent Mortemer, notamment celle de Mathilde l’Emperesse ou celle des quatre derniers moines assassinés pendant la Révolution dont les fantômes errent sur le domaine. Ce qui fait du monde, vous me l’accorderez.
14 Août 2020