MENTON

Menton est-elle française, monégasque ou italienne ? Même si l’influence italianisante est évidente dans cette jolie ville française où la douceur de vivre et les couleurs ocres dominent, on se demande toujours si l’on est en France ou en Italie. (Je ne me pose guère la question de savoir si l’on est en principauté monégasque, parce que la mocheté, l’excès d’argent et le mauvais goût ambiants du Monaco d’aujourd’hui ne semblent guère avoir de prise sur cette jolie petite commune au charme ancien).

Roquebrune

Et nous voici à Menton

Une statue de Volti accueille les navigateurs

Aujourd’hui ville-frontière entre la France et l’Italie, Menton n’a eu de cesse d’imposer son existence, coincée entre la France et Monaco à l’Ouest, et l’Italie à l’Est.

La ville tombe au XIIIème siècle dans l’escarcelle d’une famille génoise – les Vento. Acquise en 1346 par Charles Grimaldi de Monaco, Menton reste ensuite sous domination monégasque pendant de longs siècles, jusqu’à son annexion à la France lors de la Révolution française.

La principauté de Monaco, elle-même démembrée – est finalement reconstituée avec Menton en 1814 mais passe en 1815 sous protectorat du Roi de Sardaigne.

En 1848, probablement lasse de payer à Monaco la taxe d’exportation sur ses fameux citrons, Menton fait secession de la principauté monégasque et se proclame ville libre, en demandant néanmoins la protection du Roi de Sardaigne.

En 1861, Menton, au terme d’un plébiscite organisé par la ville, se prononce massivement en faveur d’un rattachement à la France.

Suivant l’armistice de 1940, les deux-tiers de la commune sont annexés à l’Italie pendant trois ans. Pendant cette période, les Italiens occupent une ville évacuée et désertée et italianisent la ville en “Mentone”. Les Allemands investissent la ville pendant un an – de 1943 à 1944 mais la ville est finalement libérée en septembre 1944.

Aujourd’hui, la charmante ville balnéaire vit de sa beauté, de son patrimoine et de son musée Cocteau, qui a tant aimé la ville qu’il a également peint la salle des mariages de la mairie, entre 1957 et 1958.

« Orphée en tournant la tête, Perdit sa femme et ses chants, Les hommes devinrent bêtes, Et les animaux méchants »

Deux ambiances coexistent à Menton : celle de la Riviera de la fin du XIXème siècle et la vieille ville médiévale.

Les quartiers bas, en front de mer, rappellent l’essor de la villégiature lors du Second Empire.

La mairie

Les halles qui datent de 1898

L’Orient Palace, un hôtel ouvert dans les années 1860. L’hôtel attire une clientèle mondaine, qu’il s’agisse de la noblesse européenne ou des grandes familles industrielles. Son activité hôtelière est stoppée durant la Première Guerre Mondiale – il devient un hôpital. Il renoue avec son activité hôtelière jusqu’en 1949 puis est transformé en immeuble de logements en 1952

La ville haute se mérite car les escaliers sont nombreux.

Les Rampes Saint-Michel

Les Rampes Saint-Michel mènent à la basilique Saint-Michel-Archange dont le baroque éblouit. Construite en 1619, elle est l’oeuvre d’un génois, Lorenzo Lavagna et son orgue date de 1666.

La basilique Saint-Michel

La Basilique Saint-Michel partage la Place de l’Eglise avec la chapelle des Pénitents Blancs.

La chapelle des Pénitents Blancs

Un château fortifié couronnait la ville médiévale et était destiné à protéger la ville des envahisseurs génois, des pirates et des Barbaresques. De petites maisons basses à un étage s’échelonnaient le long des ruelles étroites. Au fil des siècles, ces petites maisons ont subi moult transformations, ce qui explique leur état actuel et la présence de voutes brisées, de surélévations et de clés de soutien. Les escaliers de certaines ruelles sont « à pas d’âne », parce qu’ils étaient d’accès facile pour les bêtes de somme.

Montons encore. Le cimetière a pris la place du château de Menton, devenu bien national, en 1807. La nécropole, incroyablement paisible et poétique, trouve son aspect définitif en 1902.

La couleur domine partout à Menton.

Les facades ocres, jaunes et rose vieux, la Méditerranée au bleu si caractéristique, la douceur réputée des citrons mentonnais cultivés non traités et non cirés qui se voient fêtés depuis 1934 lors de la Fête du Citron ne parlent que d’une chose : la dolce vita à l’italienne.

Bref, vous l’aurez compris : à mes yeux, Menton est plus italienne que française.

Enfin, plusieurs scènes de “La Comtesse aux Pieds Nus” de Joseph Mankiewicz ont été tournés à Menton – bref je suis conquise.

Le 21 Juillet 2023