Je vais être honnête : lorsque l’on m’a annoncé le thème du prochain numéro de Faust Magazine – Graffiti – je suis restée absolument coite, mon manque de culture en la matière étant abyssal.
Puis, à bien y réfléchir, j’ai songé que le graffiti était une forme moderne de peinture et que si l’on devait parler de peinture et de femme – en bref de femme-peintre – il fallait tout naturellement évoquer d’Elisabeth Vigée Le Brun.
On connait ses portraits, mais son nom reste souvent ignoré. Elisabeth Vigée Le Brun a pourtant laissé une oeuvre considérable – un peu partout d’ailleurs, car elle a beaucoup voyagé.
On connait ses portraits, tout simplement parce que lorsque l’on admire un portrait de la reine Marie-Antoinette, il y a de fortes chances que ledit portrait soit né de la danse de ses pinceaux.
Portraitiste attitrée de la reine de France dont elle réalise une vingtaine de portraits, Elisabeth Vigée Le Brun frappe par une modernité guère peu en cour(s) à l’époque, et partant, déconcertante.
Modernité évidente dans le parcours professionnel : si les femmes de l’époque savent certes dessiner et peindre, cela reste un agrément mais bien peu en font leur profession. Artiste-peintre, Elisabeth Vigée Le Brun l’est pleinement et les dix-sept autoportraits qui viennent jalonner sa vie professionnelle marquent sa qualité de femme, sa qualité de peintre, et sa qualité tout court.
En 1783, elle présente sa “Marie-Antoinette en robe de Mousseline à la Créole”. Le tableau fait scandale, la reine y étant présentée dans l’une de ses robes-chemises de coton blanc qu’elle affectionne tant lorsqu’elle est à Trianon, et non pas en robe à la française ou en robe d’apparat. Le scandale est tel qu’Elisabeth Vigée Le Brun doit en quelques jours refaire le portrait à l’identique ou presque.
Modernité encore, dans son naturalisme : le style de ses portraits est résolument naturel, décontracté et spontané, bien loin des portraits en vogue à l’époque, qui sont souvent compassés et affectés. Les sujets peints par Elisabeth Vigée Le Brun sourient, ce qui est très étonnant pour l’époque.
Dans la même veine naturaliste et humaniste, elle peint à de nombreuses reprises la mère et l’enfant. Ces peintures dégagent une tendresse maternelle profonde à une époque où le lien avec l’enfant – souvent placé en nourrice pendant ses premières années – n’est qu’un lien social et certainement pas un lien d’amour privilégié.
Modernité encore dans son vestiaire : Elisabeth Vigée Le Brun privilégie un vestiaire d’une simplicité déconcertante pour l’époque. Les pièces maitresses de son vestiaire sont des robes-chemises blanches agrémentées d’accessoires aussi divers que des fleurs, des châles, des plumes ou des rubans. Elle devient l’icône du style bohême chic.
Modernité également dans son indépendance financière : elle gagne sa vie à une époque où les femmes dépendent absolument de leurs maris, et c’est parce qu’elle doit sauver sa vie et subvenir à ses besoins qu’elle fuit, seule avec sa fille, la France révolutionnaire pour traverser les cours européennes et peindre les grands de ce monde.
De fait, elle est une citoyenne du monde avant l’heure, voyageant énormément dans toute l’Europe.
Elisabeth Vigée Le Brun a déployé l’éventail des possibilités bien au-delà de ce qui est concevable pour une femme de son temps.
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27 Septembre 2019
Costume par Joanna Delys – Accessoires par Marcel et Jeannette
A l’hôtel Lancaster Paris
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