Me voici dans un style parfaitement rétro pour évoquer ce roman que j’ai infiniment aimé, “Les Cygnes de la Cinquième Avenue” de Melanie Benjamin.
Melanie Benjamin y fait revivre ces femmes de la haute-société new-yorkaise des années 50, Slim Keith, C.Z. Guest, Maria Agnelli ou encore Gloria Guinness, au moment particulier où elles rencontrent Truman Capote.
Ébloui par leur beauté, leur aura sociale et leur sophistication, Truman Capote les nomme ses “Cygnes” et la reine d’entre elles est la plus élégante, la plus inaccessible de toutes : Babe Paley.
Babe Paley, ou une vie d’un autre temps : née en 1915 dans une famille de la haute-bourgeoisie de la Côte Est des États-Unis, elle est élevée comme ses sœurs telle une pouliche de course, son objectif assigné était de se marier, et de bien se marier – ce qu’elle fait par deux fois. Elle épouse en secondes noces William Paley, immensément riche et immensément désireux de pénétrer la “café society” de l’époque.
Babe Paley vit dès lors entre son appartement de la Cinquième Avenue et ses différentes propriétés, mais toujours sous l’œil public qui la voit comme l’ultime icône de l’élégance. Photographiée jusqu’à l’agonie – pour Vogue entre autres – elle est la socialite par excellence, faisant et défaisant les modes.
Ses amies, épouses fortunées ou héritières, sont du même pedigree et tout ce petit monde s’ennuie ferme, étouffé dans le carcan de solitude qu’impose le paraître.
Lorsqu’en 1955, Babe Paley rencontre Truman Capote – l’enfant chéri de l’Amérique – l’extravagance absolue et la fraicheur d’esprit de celui-ci viennent bouleverser ce petit monde de ces femmes absolument et désespérément desoeuvré. Les cygnes sont électrisés par ce petit homme dont le succès est immense, et dont l’irrévérence est totale.
Le coup de foudre amical entre Babe et Truman est fulgurant et absolu. Leur amitié est profonde et fusionnelle, l’une savourant enfin une réalité et une sincérité passionnées qui lui ont toujours été refusées, l’un trouvant enfin la figure maternelle qu’il n’a jamais eue.
Cette amitié si fusionnelle durera quelques vingt ans.
Elle sera détruite en un un éclair, à cause de Truman Capote, qui commettra dans le même temps la pire des trahisons et sa moins bonne nouvelle en publiant en 1975 “la Côte Basque 1965”, un ramassis de ragots et de confidences glanées auprès de ses chers Cygnes.
Le petit ramassis fait scandale. Truman Capote apparait dans toute sa misère d’auteur à court d’inspiration, maniant le scalpel en lieu et place de la plume. Les secrets dévoilés touchent autant à l’adultère qu’au meurtre.
Ce petit ramassis peut maintenant être lu dans l’ouvrage “Prières Exaucées”, qui n’a aucun intérêt littéraire, hors l’intérêt historique pour qui s’intéresse à cet épisode.
Le désastre est total. “La Côte Basque 1965” signe la fin de Truman Capote, dont le suicide social est irrémédiable. Il sombre à jamais dans les drogues et l’alcool, égaré à tel point qu’il ne comprend pas l’ire dont il fait l’objet. “La Côte Basque 1965” signe aussi la fin de Babe. “Il l’a tuée, c’est aussi simple que ça” : Babe mourra moins de trois ans après la publication de la nouvelle, malade et recluse. Et probablement avec le coeur brisé.
J’ai infiniment aimé la belle écriture fouillée de Melanie Benjamin, qui dresse des portraits riches, pétris d’humanité et furieusement documentés.
Il y aurait infiniment à dire sur la justesse de vie, l’être et le paraître et le poids des fardeaux émotionnels. Je me suis sentie profondément désolée pour Babe et Truman, chacun vivant plus dans le paraître que dans l’être, chacun portant le poids de ses folies ordinaires et extraordinaires.
Triste et passionnant, vraiment.
5 Juillet 2019
Robe Roland Mouret – Sac à main Bvlgari – Gants Agnelle – Bibi à voilette et ceinture vintage – Manteau Prada avec une broche Chanel – Escarpins Pura Lopez
A la Citéco