MASCULIN/FÉMININ

Je ne peux m’empêcher de penser à l’Ange Bleu avec Marlène Dietrich, à chaque fois que l’on en vient au smoking Yves Saint Laurent.

Je pense qu’il est parfaitement possible d’être furieusement féminine dans un costume trois-pièces et absolument masculine en robe.

Question d’attitude.

Puisqu’évidemment, la féminité ne se porte pas à l’extérieur, mais bien à l’intérieur.

Cela devient compliqué de s’en souvenir, submergés que nous sommes d’images dévoilant sans cesse et sans cesse le corps de la femme, la sexualité plutôt que la sensualité, l’outrage plutôt que la séduction, l’affirmation plutôt que la subtilité, la révélation à tout crin plutôt que la suggestion.

Comment expliquer à ma petite chérie de 17 ans que l’essence d’une femme est bien plus puissante lorsqu’elle se dévoile peu à peu, qu’elle a certes de la forme mais aussi et surtout du fond, de la substance, de la sincérité et de la vérité, alors qu’elle vit elle-même dans le monde de l’immédiateté et de l’apparence ?

Face à l’immédiateté et la superficialité de l’information et des échanges, ma petite chérie est finalement confrontée à un flot d’images agressives – qui ne sont même plus disgressives d’ailleurs. Un flot d’images qui ne représente souvent en aucun cas la réalité ou la véracité.

Alors il faut expliquer.

Faire des parallèles.

Expliquer comment se construit un parfum, par exemple.

Expliquer que le charme de certaines femmes s’évente vite. Capiteux certes, au début. Puis rapidement sans corps.

Expliquer que le charme d’autres femmes se dévoile peu à peu. Et est probablement plus prenant, jour après jour.

Vu la rapidité avec laquelle le monde change, je n’ose imaginer quels trésors de pédagogie il me faudra déployer vis-à-vis de ma fille de 3 ans. Rendez-vous dans 14 ans.

6 Février 2018

Smoking YSL – Escarpins Dior – Pochette Weill