SUIS-JE FÉMINISTE ? VOLUME 4

Je lis ici un excellent article de Peggy Sastre, publié par Slate en décembre 2017. Sa formule, laissée en copyleft, étant tout aussi excellente, j’ai follement et respectueusement envie de la reprendre : Le patriarcat du steak.

En résumé : depuis de nombreux mois prospère la thèse selon laquelle les femmes seraient plus petites que les hommes du fait de la privation en protéines que l’homme leur aurait imposée depuis des millénaires.

Cette thèse a été développée par Priscille Touraille, chercheuse en anthropologie évolutive, et a connu une certaine visibilité médiatique depuis la diffusion en 2014 sur Arte d’un documentaire de Véronique Kleiner “Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes ?”.

Pour paraphraser Françoise Héritier, anthropologue, ethnologue et directeur de thèse de Priscille Touraille, “toute l’évolution consciente et voulue de l’humanité a travaillé à une diminution de la prestance du corps féminin par rapport au masculin. Depuis la préhistoire, les hommes se sont réservé les protéines, la viande, les graisses, tout ce qui était nécessaire pour fabriquer les os. Alors que les femmes recevaient les féculents et les bouillies qui donnaient les rondeurs. C’est cette discordance dans l’alimentation – encore observée dans la plus grande partie de l’humanité – qui a abouti, au fil des millénaires, à une diminution de la taille des femmes tandis que celle des hommes augmentait. Encore une différence qui passe pour naturelle alors qu’elle est culturellement acquise.»

Le patriarcat du steak, érigé en violence faite aux femmes ?

Pas si vite.

Pour les besoins de son article, Peggy Sastre s’est employée à contacter de nombreux chercheurs et scientifiques d’horizons divers, afin de leur demander leur avis sur la thèse de Priscille Touraille.

Qu’il s’agisse du psychologue cognitiviste Steven Pinker, de Charlotte Faurie, chercheuse en biologie évolutive, de Michel Raymond, directeur de recherche au CNRS et responsable de l’équipe Biologie Évolutive Humaine au sein de l’Institut des Sciences de l’Evolution de l’Université de Montpellier, leur avis est univoque : la thèse de Priscille Touraille n’a aucun fondement, car le dimorphisme sexuel – c’est-à-dire la différence morphologique entre mâles et femelles – régit notre espèce (et pas seulement la nôtre, d’ailleurs). L’origine de telles différences s’explique par la sélection sexuelle, le conflit sexuel et l’investissement parental (en somme, des raisons tout à fait liées à la survie et à la perpétuation de l’espèce).

Pour Robert Trivers, biologiste, sociobiologiste et professeur d’anthropologie américain d’immense renommée, l’hypothèse de Touraille est du «grand n’importe quoi, du début à la fin. Le dimorphisme sexuel n’a pas commencé avec notre lignée à l’époque paléolithique – les mâles sont plus grands et plus gros que les femelles chez tous nos plus proches cousins, que ce soit chez les deux espèces de chimpanzés, les gorilles ou les orangs-outangs. Ce qui équivaut à 17 millions d’années d’histoire, avec un dimorphisme sexuel produit de la sélection sexuelle. Chez les grands singes, seuls les gibbons présentent un dimorphisme sexuel faible – et encore, qui va dans la même direction – et ils sont connus pour être fortement monogames”.

Selon Heather Heying, professeur de biologie évolutive, “si l’ampleur du dimorphisme sexuel humain est variable selon les cultures, sa direction ne varie jamais. Si le dimorphisme sexuel humain était entièrement une construction culturelle, nous verrions des sociétés où les femmes seraient plus grandes et les hommes plus petits, en moyenne. Ce genre de population n’existe pas. Vu que la direction du dimorphisme sexuel de taille ne varie jamais chez les primates, affirmer que ce même dimorphisme sexuel est dû chez les humains à un processus nouveau et indépendant est au mieux non-scientifique”.

En conclusion, Mesdames : il semble que vous puissiez manger ce que bon vous semble, cela ne fera pas de vous des victimes du patriarcat du steak.

14 Octobre 2017

Marquis Paris

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