THÉORIE DE LA RELATIVITÉ – VOLUME 2

La jeunesse, qu’est-ce que donc ?

Sachant que la notion évolue de siècles en siècles du fait de l’allongement de la durée de vie, il existe aujourd’hui mille définitions de la jeunesse (statistique, sociologique, biologique, littéraire, etc) mais la plupart des travaux scientifiques borne la jeunesse de 15 à 24 ans, sur la base de la définition édictée par les Nations Unies.

Dans une précédente publication, je m’étonnais que nos sociétés modernes corrèlent beauté et âge, lorsque l’on en vient aux femmes.

Mon point était de tenter de comprendre pour quelle raison sont appliqués des termes tels que « pour son âge » ou « vu le nombre d’enfants qu’elle a portés » lorsqu’on qualifie la beauté de certaines femmes.

Et je le répète, ce genre de compliment m’agace prodigieusement.

Sans verser dans l’acrimonie (j’ai décidé de réduire mon taux d’aigreur face à la vie à 1%) ni être particulièrement féministe, je soupçonne derrière ces mots le jeunisme déguisé qui s’applique de manière implicite et inconsciente à la gent féminine.

Quel media, quel quidam dit ou écrit que Brad Pitt ou George Clooney ont belle allure, « pour leur âge » ? Aucun, à ma connaissance.

Quel media, quel quidam dit ou écrit que Jane Fonda ou Helen Mirren sont de belles femmes, « pour leur âge » ? Tous, à ma connaissance.

De la même manière ne dira-t-on jamais qu’une jeune femme de 25 ans est belle « pour son âge » car l’on estime que sa beauté est intrinsèque à sa jeunesse. On ne le dit jamais de manière si explicite, mais nous avons tous bien intégré la construction sociale selon laquelle la jeunesse est le nouvel eldorado de la beauté. Nous avons, dans le même élan, également bien intégré les éléments de langage qui vont avec, sans même nous en rendre compte.

Pour beaucoup, jeunesse est beauté. Je ne suis pas d’accord. Personnellement, j’étais – jeune – absolument quelconque, et ce, jusqu’à très tard, vers 35 ans. La jeunesse peut être affreuse (tout comme la maturité, d’ailleurs).

Pour certains encore, jeunesse est force. Même si je comprends cette affirmation d’un point de vue darwiniste, il me semble que l’homme des cavernes et la société ont bien évolué et que les forces requises pour affronter notre monde moderne sont autant physiques que morales, intellectuelles et émotionnelles. Or, être fort moralement, intellectuellement et émotionnellement demande du temps et donc de la maturité.

Lorsque j’étais jeune, je me croyais indestructible.

Imbattable.

Inatteignable.

Ce que l’on appelle le syndrome de surpuissance en psychanalyse – et que l’on applique souvent aux adolescents – comme un fait exprès.

A tel point que cela m’a incité à faire mille conneries, du mal à moi-même et aux autres. Cette pauvre croyance en ma propre force n’était finalement qu’une faiblesse monumentale. Parfois, la maturité est plus forte qu’une jeunesse impulsive. Mais le contraire peut également être vrai.

Pour certains, jeunesse est reproduction. Certes. C’était applicable il y a un siècle, ça ne l’est plus maintenant.

Pour aller au fond du problème, je soupçonne que ce jeunisme rampant n’a – en réalité – aucun lien avec la force ou la perpétuation de l’espèce mais a plus à voir avec une appréciation très sexualisée de la femme. Car il faut bien l’avouer, ce jeunisme rampant ne s’applique pas à la gent masculine.

Je pense sincèrement que cela n’aide en rien une femme d’être qualifiée de « belle pour son âge », signifiant intrinsèquement « wow, elle est pas mal pour une femme dont la date de consommation est passée. Mais bon, elle n’intéresse personne ».

Ainsi en va-t-il, par exemple, pour les actrices matures, qui se plaignent de la raréfaction des rôles, passé un certain âge. Raréfaction logique : parce que cela n’intéresse personne, si l’on suit la même logique. Une majorité veut que l’héroïne du film soit belle, attractive et séduisante : le spectateur s’investit plus dans l’histoire et la spectatrice s’identifie mieux (la première fois que j’ai vu le film Peau d’Âne, je n’ai pas compris pourquoi tous les films n’étaient pas avec Catherine Deneuve, parce qu’elle était à mes yeux la plus belle femme jamais vue. Sauf que j’avais 6 ans à l’époque).

L’âge ne devrait en aucun cas entrer dans l’équation et chacun devrait se sentir libre de le dire – ou non, sans essayer de désespérément de le cacher ou de le trafiquer (au même titre, je n’ai jamais compris en quoi il était inconvenant de demander son âge à une femme).

Évidemment, le compliment inconditionnel reste l’ultime idéal. C’est, à mon sens, vers cela qu’il faut tendre, en faisant attention aux mots employés, qui ont un sens, un poids, une charge. Cela demande un tantinet de réflexion car la facilité déconcertante avec laquelle tout un chacun absorbe certains éléments de langage (moi la première), sans même se rendre compte de leur portée et de leur sens réel, est plutôt perturbante d’un point de vue sociologique.

Personnellement, j’ai 41 ans et je vais allègrement vers mes 42 ans – Sagittaire que je suis – et je ne me sens ni jeune, ni vieille. Juste pleine de vie. Et cela me convient parfaitement.

21 Octobre 2016

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